Fille d’une mère italienne et d’un père breton, Maurèen Poignonec tisse un univers tendre et fabuleux, où se rencontrent la magie des contes et celle des petites choses du quotidien. L’illustratrice aux traits enchanteurs, nous ouvre les portes de son imaginaire où se côtoient des personnages attachants et des décors verdoyants. Prêts à plonger dans son monde ?
Meilleur jeune talent
Durant sa formation au lycée professionnel public Corvisart – Tolbiac des Arts Graphiques à Paris, elle publie son premier album Dix petites souris cherchent une maison (éditions Gautier-Languereau) et débute sa carrière d’illustratrice jeunesse. La reconnaissance ne tarde pas : en 2016, le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême la distingue parmi ses dix meilleurs jeunes talents. Depuis, Maurèen multiplie les collaborations avec l’édition et la presse jeunesse, enrichissant son portfolio de plus d’une centaine d’ouvrages qui enchantent petits et grands lecteurs.
Son travail a été maintes fois salué à par la critique et les professionnels du livre jeunesse. Elle a notamment été sélectionnée pour plusieurs prix, comme l’UNICEF de littérature jeunesse dès 2018 pour La grande inconnue (Maison Eliza). En 2022, ses 10 idées reçues sur le climat (Glénat) reçoivent le Prix Mouans Sartoux du livre engagé pour la planète, tandis que Tortue Express (Little Urban) est récompensé par les Incorruptibles. Plus récemment, c’est Le flamant vert (L’école des loisirs) qui s’est illustré à la 3e place du Prix de Littérature de Jeunesse de l’INSPE (Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation – Bretagne).
Une amoureuse de la nature
Maurèen Poignonec exprime une grande sensibilité pour notre planète qui se manifeste à travers ses illustrations. En tant qu’amoureuse de la nature, elle transcrit cette passion dans ses aquarelles où forêts enchantées et mondes sous-marins extraordinaires se rejoignent (pour prendre vie sous ses traits). Et pour cause ! Depuis 2020, elle s’investit dans le mouvement Action Justice Climat Paris, une organisation citoyenne dédiée à la justice sociale et climatique. Cet engagement militant reflète sa conviction, exprimée ainsi lors de la sortie de 10 idées reçues sur le climat, en collaboration avec Myriam Dahman et Charlotte-Fleur Cristofari, à la librairie Mollat : « J’aimerais agir collectivement face aux défis environnementaux de notre temps. » Par ses illustrations, elle témoigne de la beauté et de la fragilité des écosystèmes, invitant chacun à redécouvrir l’émerveillement face à la nature et, peut-être, à développer l’envie de la protéger.
Dans À la recherche du petit chaperon rouge, écrit par Nadine Brun-Cosme et publié chez Little Urban, cette sensibilité se manifeste au travers d’une exploration visuelle de paysages aussi enchanteurs que nostalgiques : forêts luxuriantes, déserts de glace, jungles profondes et même fonds marins. Chaque illustration constitue une immersion dans un écosystème différent. Certaines planches, par exemple, mettent en lumière la pollution des océans : au milieu de la faune aquatique, des déchets plastiques flottent entre les coraux et les poissons. Maurèen choisit d’inscrire minutieusement des enjeux contemporains au cœur de son récit visuel. À travers ce voyage initiatique, le Petit Chaperon rouge traverse les contes de Grimm et devient une figure moderne face à la nature : curieuse, émerveillée, parfois dépassée, mais encore capable d’attention et de respect.
Dans son antre créatif
Le style de Maurèen Poignonec mélange deux approches opposées mais complémentaires : d’un côté la précision de ses lignes à l’encre, de l’autre la liberté colorée de ses aquarelles. C’est ce contraste qui fait la particularité de son travail et qui permet de créer cette atmosphère de rêverie enfantine. Le merveilleux naturaliste est au cœur de son inspiration. Ses aquarelles débordent de plantes aux couleurs vives qui semblent presque vivantes. Chaque trait, chaque nuance, chaque feuille dessinée, semblent murmurés par la nature elle-même. Son travail nous invite à porter un regard neuf, sensible aux détails et à la force de l’image.
Si elle ne cherche pas volontairement l’inspiration du côté des illustrateurs jeunesse, c’est avant tout pour préserver la singularité de son univers et rester fidèle à son propre langage graphique. Elle nourrit plutôt son imaginaire d’influences variées, venues d’autres champs artistiques. Parmi les artistes qui l’inspirent profondément : Jérôme Bosch, Leonora Carrington, David Hockney, Max Ernst, ou encore l’œuvre Carnation, Lily, Lily, Rose de John Singer Sargent. La musique joue aussi un rôle important dans son processus créatif, en particulier celle de Björk, dont l’univers poétique entre en résonance avec le sien.
Camille Ferreira